Cette semaine je vous parle de ma prise de conscience de l’internationalité des médias. Entre autres de la télévision. La première fois que je me suis rendu compte de la brisure des barrières qui séparaient les continents par le biais des médias c’est lors de l’effondrement des tours jumelles du World Trade Center. En 2001 je commençais ma sixième année du primaire et j’avais 12 ans.
La cloche de l’école sonne et nous nous en allons sur notre heure de diner. Avant de sortir de la classe notre professeur nous arrête et nous dit : << vous regarderai les nouvelles à la télé ce midi. Il s’est passé quelque chose d’incroyable ce matin>>. Rendu à mon domicile j’ouvre la télévision et je me rends compte, bien qu’à cet âge je n’avais jamais entendu parler de ce gratte-ciel de ma vie, qu’un immense immeuble situé à New York c’était effondré suite à un impact créé par un avion. Peut importe le poste que je visionnais, je n’avais que les postes traditionnels à cette époque, on présentait un bulletin spécial avec les images qui étaient disponibles, souvent les mêmes, d’une immense tour qui s’effondrait et des gens qui se lançaient en bas de ces gratte-ciels en feu.
C’est à ce moment précis que j’ai compris à quel point les médias, la télévision entre autres, étaient internationaux. Partout dans le monde on présentait ces images terribles. Je me disais à ce moment, que probablement d’autres enfants au Japon, en Australie, au Mexique, étaient assis sur leur sofa à regarder ces images eux aussi. Le lendemain tous les journaux présentaient ces images à la une et avaient un article consacré à cette tragédie. À part peut-être le Journal de Québec qui présentait des images de la défaite du Canadien de Montréal, la veille, tous les journaux parlaient en leur une de l’effondrement du World Trade Center . Blague à part, il est indéniable que cet évènement m’a ouvert les yeux. Il est fini le temps où l’anonymat d’une catastrophe ou d’un acte aussi horrible passe inaperçu aux yeux des habitants de la terre. Est-ce un mal que cette hyper-médiatisation des évènements et des images reliés à ces tragédies où l’on voit des victimes et des familles anéanties? On peut se poser la question, mais il n’en reste pas moins que cet ensemble de médias nous rend plus proche les uns les autres, lorsque nous sommes témoins de ce genre d’évènement, peu importe quelles sont nos origines, nos croyances ou notre nationalité.
Voici un extrait d’un Texte écrit par André Gunthert le 7 septembre 2011, 10 ans après les attentats du 11 septembre 2001. André Gunthert (né en 1961) est maître de conférence à l’École des Hautes Études en Science Sociale (EHESS), où il dirige le Laboratoire d’histoire visuelle contemporaine. (Wikipedia : 2012)
<<Il faut un haut niveau de technicité et de professionalisme pour conférer une forme cohérente à cette improvisation en temps réel, qui donne à chaque téléspectateur l’impression de partager l’événement au moment même où il se produit, comme s’il était assis dans le fauteuil du présentateur. Tout ce qui va arriver ensuite – encastrement du deuxième avion, saut dans le vide des victimes, effondrement des tours – était bel et bien imprévu : le scénario rêvé d’un crescendo évenementiel devant les caméras va s’accomplir comme un cauchemar.
Autant qu’au piège de feu des tours jumelles, l’Occident a été pris au piège de sa machine médiatique. Impeccablement huilé, le dispositif qui attendait de longue date de croquer le fait divers s’est fait happer par le 11 septembre. Brèche béante dans le temps télévisuel, la Breaking News ne s’arrêtera plus, s’étirant sur plus de 24 heures, rediffusant sans trève, comme le but d’un match de foot, au ralenti, en gros plan, les scènes les plus spectaculaires de la catastrophe, enfonçant pour toujours dans notre imaginaire ces minutes insoutenables.
Autant que les morts, les blessés, les tours effondrées, le spectacle du 11 septembre a participé du traumatisme infligé aux Etats-Unis. Au moment où l’Occident s’apprête à déclencher une nouvelle fois le Replay de la catastrophe, il est utile de se souvenir que cette blessure n’a pas été infligée par un membre d’Al Quaida, mais par notre propre dispositif journalistique.>> (Gunthert : 2011)
Il est donc clair que sans l’appareil médiatique, cette journée qui est maintenant gravée dans l’histoire de l’humanité n’aurait peut-être pas eu le même impact. Nous pourrions même nous poser la question, si ces attentats avaient eu lieu dans une ville où les médias et même les NTIC (nouvelles technologies d’informations et de communications) sont beaucoup moins présents, est-ce que nous en aurions autant entendu parler et cette journée aurait-elle tout de même passé à l’histoire?
Bibliographie
Gunthert. André, 2011,<< L’oeuvre médiatique du 11 septembre>>, (en ligne) URL:http://owni.fr/2011/09/07/loeuvre-mediatique-du-11-septembre/. (page consultée le 27 septembre 2012)
Auteur Inconnu, 2012,dans la base Wikipedia << André Gunthert>> (en ligne) URL: http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Gunthert. (page consultée le 27 septembre 2012)